- bésicles
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• 1555; bericle 1328; de beril (→ béryl), qui a servi à faire des loupes♦ Vx ou plaisant Lunettes. « Vous n'avez pas bien chaussé vos besicles » (Mme de Sévigné). ⇒ binocle.besicles ou bésiclesn. f. pl.d1./d Vx Lunettes rondes.d2./d Plaisant Lunettes.⇒BESICLES, subst. fém. plur.Anciennes grosses lunettes :• 1. Gros et court, hanarché de besicles, maintenant le col de sa chemise à la hauteur du cervelet, il se faisait remarquer par sa voix de basse-taille et par la richesse de son vocabulaire.BALZAC, César Birotteau, 1837, p. 209.— Expr. iron. et fam. À grand renfort de besicles; prenez, mettez vos besicles. Examinez attentivement ou prenez garde :• 2. En attendant de mobiliser Dicéopolis, on mobilisa le râble de lièvre, on le hacha menu, et on le mit dans des boîtes de fer, avec l'inscription, déchiffrée deux mille trois cents ans plus tard à grand renfort de besicles.THIBAUDET, Réflexions sur la litt., 1936, p. 225.Rem. 1. Fam. selon Ac. 1835-1878, BESCH. 1845; iron. pour Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop., DG; vieilli pour Ac. 1932. 2. On rencontre dans la docum. a) Le néol. bésiclard, subst. masc. (Sans doute avec une nuance péj.; formé sur le modèle de binocle/binoclard). Celui qui porte des besicles. Le beau monstre préférait ce bésiclard studieux froid et calculateur (H. BAZIN, La Mort du petit cheval, 1949, p. 259). b) L'adj. besiclé, ée. Des yeux clignés, ridés, besiclés (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 29). En emploi subst. Celui, celle qui porte des besicles. J'ai quelque aversion pour les besiclés (S. MERCIER, Néologie, t. 1, 1801, p. 75).PRONONC. ET ORTH. :[
]. MART. Comment prononce 1913 croit à l'avenir d'une orth. bésicles.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1328 bericle fém. « lunette » (Inv. de Clémence de Hongrie, p. 2 dans GAY : Une bericle garnie de cuivre otout un estui de cuir, 205. p.); 1399 bezique masc. (Inv. de Charles VI dans LABORDE : Un bezique rond, plat, environné de corne noire); 1400 [1379 dans DG] besicle (Inv. D. de B., t. 4, ibid. : Ung bezicle en une queue d'or); 1555 besicles (PASQUIER, Recherches, ibid. : Besicles, que nous appelons autrement lunettes); qualifié de ,,burlesque`` par RICH. 1680 et Trév. 1704-52, de ,,familier`` par Ac. 1718-1878.Emploi méton. de l'a.fr. bericle v. béryl, cette pierre précieuse ayant servi à faire des verres de lunettes. Bericle est formé de béryl et de la finale de l'a.fr. escarbocle « variété de grenat rouge » (XIIe s. dans T.-L.), escarboucle. Béricle est devenu besicle par assibilation du r intervocalique (FOUCHÉ, p. 604).STAT. — Fréq. abs. littér. :88.BBG. — BOUILLET 1859. — CHESN. 1857. — GAY t. 1 1967 [1887] (s.v. béricle). — LABORDE 1872 (s.v. bericle). — LELOIR 1961. — LE ROUX 1752. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — NYSTEN 1824. — PRÉV. 1755. — VINC. 1910.ÉTYM. 1555 (au plur.); altér., d'après bes-, bis- (lat. bis), de bericle « lunette » (1328); anc. franç. bericle (XIIe), var. de beril (→ Béryl), pierre qui a servi à faire des loupes. REM. L'Académie française recommande la graphie bésicles, manifestant ainsi que la prononc. [bezikl] l'emporte.❖1 Anciennt. Lunettes. || Porter, mettre des besicles. || Chausser ses besicles.1 Vous n'avez pas bien chaussé vos besicles sur les prophéties que vous faites (…)Mme de Sévigné, Lettres, 773, 19 janv. 1680.2 Parce que les besicles ont été enfin inventées, doit-on dire que Dieu a fait nos nez pour porter des lunettes ?Voltaire, Éléments de la philosophie de Newton, III, II.2.1 Et, saisissant ses besicles à pleines mains, elle se les arracha du front. Les verres se brisèrent entre ses mains ensanglantées, et elle tordit leur monture dans une convulsion.Villiers de L'Isle-Adam, Tribulat Bonhomet, p. 165.♦ ☑ Loc. À grand renfort de besicles : en faisant très attention.3 Il faut être sorcier pour lire (le manuscrit); j'espère pourtant en venir à bout, à grand renfort de besicles.P.-L. Courier, I, 90.2 Mod., par plais. Lunettes. || Il est complètement miraud, il lui faut des bésicles. || Attendez que je mette, que je chausse mes bésicles.❖DÉR. Bésiclard.
Encyclopédie Universelle. 2012.